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08 Mai 2020

EN COURANT LA PREMIÈRE ATHLÈTE RÉFUGIÉE DES COE TROUVE UN NOUVEAU FOYER AU CANADA

Catégorie: Divers

8 mai 2020

L’article a été publié sur le site Web du Haut Commissariat pour les Refugés HCR Canada.

«Quand je cours, je me sens libre.  J’oublie tout, je me concentre sur la course et je me sens bien.»

Nazret Kobodom, jeune fille de 16 ans dont le talent l’a amenée à participer au Festival olympique de la jeunesse européenne (FOJE) qui s’est tenu à Bakou en Azerbaïdjan l’été dernier, est devenue une étoile montante de la course de fond à Calgary, dans la province canadienne de l’Alberta.

Il n’y a pas si longtemps, en 2011, Kobodom et sa famille fuyaient leur village en Érythrée.  Obligée de fuir en raison de violations des droits humains, la famille a dû faire face à un voyage long et dangereux, pour finalement demander l’asile en Israël.

«Le voyage n’a pas été facile», se souvient Nazret.  « Je me rappelle quand nous avons quitté l’Érythrée la nuit … Nous avons dormi dans la forêt … Après deux jours, nous sommes entrés au Soudan et après deux semaines, nous sommes allés en Égypte pour enfin rejoindre Israël. »

Il y a plus de 26 000 demandeurs d’asile érythréens en Israël, la plupart fuyant les persécutions dans leur pays d’origine.  Rares sont ceux qui obtiennent le statut de réfugié et qui se retouvent à mener une existence marginalisée.  Le HCR travaille avec le gouvernement israélien pour trouver des solutions à plus long terme pour ces demandeurs d’asile, dont beaucoup vivent dans le sud de Tel Aviv.

Nazret a eu de la chance: elle est allée à l’école à Tel Aviv où, à 11 ans, les enseignants ont découvert son talent lors des cours de gymnastique et l’ont encouragée à participer aux  compétitions locales de course.

Un de ses amis lui a parlé de l’Alley South Tel Aviv-Yaffo, un club d’athlétisme professionnel à but non lucratif qui par le sport s’efforce d’aider les enfants défavorisés et marginalisés.  En 2016, Nazret a commencé à s’y entraîner presque tous les jours.

Deux ans plus tard, elle est devenue championne israélienne des moins de 16 ans dans les épreuves de cross-country et de 2000 mètres.  Puis en 2019, comme dans un rêve devenu réalité, Nazret a participé au FOJE d’été en Azerbaïdjan.  Elle a défilé fièrement sous les couleurs des Comités Olympiques Européens, en tant que la premiêre  athlète réfugiée à concourir sous le drapeau des COE lors d’une manifestation de l’association.

Ce même été, Nazret et sa famille sont montés à bord d’un avion pour le Canada, pour entrer dans le pays dans le cadre du programme de parrainage canadien qui aide des organisations privées à parrainer des réfugiés.

«Deux jours après l’arrivée de Nazret, je l’ai rencontrée et nous sommes allés courir huit kilomètres.  La première chose que je lui ai dite a été «Bienvenue au Canada» en l’assurant qu’elle n’avait pas à s’inquiéter car le Spartans Club allait s’occuper d’elle », explique Deon Flynn, qui avec Jill Middleton est l’entraîneur de Nazret Kobodom au  Club d’athlétisme de Calgary.

Bien qu’il ait été difficile pour Nazret de laisser tous ses amis à Tel Aviv – ainsi que d’apprendre à parler anglais et de s’adapter à un climat beaucoup plus froid – elle dit se sentir en sécurité et bien protégée à Calgary.

«Mes rêves principaux sont de terminer l’école avec de bonnes notes et d’atteindre le sommet de la course à pied», dit-elle.

La course à pied a été une constante dans la jeune vie de Kobodom, lui donnant des objectifs, de la discipline et un sentiment d’appartenance à un monde qui n’est pas toujours favorable aux réfugiés.  Ce n’est que lorsqu’elle a rejoint Alley Athletics à Tel Aviv qu’elle a senti qu’elle était traitée « comme tout le monde, de la même manière et sur un pied d’égalité ».

Elle découvre ce même sentiment à Calgary, appréciant la camaraderie avec ses coéquipiers pendant une longue période, malgré la barrière de la langue.

La course à pied est un langage universel dans lequel elle est une communicatrice et une enseignante qualifiée.  L’entraîneur Middleton explique: « J’ai appris que peu importe ce que vous avez vécu, vous pouvez toujours profiter de la tranquillité de la course et du soutien des athlètes qui vient de la communauté de la course. »

Le coach Flynn ajoute: «Nous nous traitons tous comme une famille.  Nazret est un faisceau de lumière et nous sommes tellement heureux qu’elle soit avec nous. »