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08 Oct 2020

Witold Bańka porte-drapeau de la lutte antidopage en cette période difficile (partie I de II)

Catégorie: Divers

8 octobre 2020

Witold Bańka a commencé son nouveau rôle de président de l’Agence mondiale antidopage (AMA) le 1er janvier de cette année, équipé d’une profonde connaissance de l’Agence acquise en tant que représentant européen au sein du Comité exécutif de l’organisation mondiale.

En tant qu’athlète, de 2005 à 2012 Bańka a représenté la Pologne en tant que coureur des 400 mètres; après avoir pris sa retraite, il a d’abord travaillé dans les relations publiques avant de se lancer dans la politique en tant que ministre des Sports et du Tourisme sous la direction de deux premiers ministres polonais.

Son double rôle d’athlète et de ministre l’ont bien préparé, affirme-t-il, aux rigueurs de son poste actuel. Le président de l’AMA s’est récemment entretenu avec les Comités Olympiques Européens (COE) pour aborder ses neuf premiers mois de responsabilité, les nombreux défis et opportunités qu’il a rencontrés depuis, notamment pour convaincre le secteur privé à s’engager davantage sur le plan financier à la lutte contre le dopage, à contribuer au développement d’un plan stratégique quinquennal et à veiller à ce que les athlètes soient toujours au cœur des activités de l’AMA.

Ce qui suit est le premier volet d’un entretien en deux parties, la deuxième sera publiée le 9 octobre.

Q: C’est votre première année en tant que président de l’AMA. Quelles sont vos impressions jusqu’ici?

R: Lorsque je suis entré dans la course pour ce poste en tant qu’ancien athlète et passionné de sport depuis toujours, j’étais prêt à relever le défi. Dès le début, étant donné la nature de l’entreprise, je savais que ce ne serait pas une croisière tranquille mais plutôt la navigation sur une mer agitée et c’est bien ce qui s’est passé. Un défi oui, mais aussi une expérience très enrichissante car je suis à la tête d’une organisation qui fait vraiment la différence, et une différence positive, dans le monde.

L’AMA est aujourd’hui dans une position beaucoup plus forte qu’il y a quelques années. En ce qui concerne les signataires du Code mondial antidopage, nous disposons désormais d’un solide programme de surveillance de la conformité et des outils de sanction basés sur de nouvelles dispositions légales. À cet égard, nous sommes bien mieux équipés pour identifier en premier lieu les non-conformités, puis pour y faire face de manière efficace et proportionnée. C’est une grande évolution. L’AMA n’est évidemment pas une organisation parfaite, mais seuls ceux qui ne font rien ne font pas d’erreur. Nous avançons, réformons et améliorons sans arrêter.

L’une de mes priorités en tant que président de l’AMA est aussi celle d’augmenter le financement de l’antidopage. Je voudrais convaincre le secteur privé de contribuer à la lutte contre le dopage dans le sport. De nombreux sponsors, diffuseurs et entreprises privées mettent leur argent dans le sport – alors pourquoi ne peuvent-ils pas contribuer à la protection du sport propre?

L’une de ces initiatives est la création d’un Fonds de solidarité antidopage pour collecter les fonds du secteur privé et les investir pour intensifier les activités antidopage dans le monde entier. L’objectif est d’élever le niveau de la lutte contre le dopage dans les pays et les régions où les ressources sont moins disponibles. Il est encourageant de constater que nous lancerons prochainement un projet pilote dans le domaine de l’éducation antidopage avec la contribution d’entreprises polonaises.

Bien d’autres défis nous attendent, surtout en cette période difficile de pandémie, mais nous n’avons pas l’intention de ralentir nos activités. Au cours des derniers mois, j’ai rencontré à distance de nombreux ministres responsables du sport, des hauts dirigeants de fédérations sportives internationales et des athlètes du monde entier afin de discuter des différents aspects essentiels pour accroître l’efficacité de la lutte pour un sport propre. J’attends avec impatience d’autres occasions de dialogue avec toutes les parties prenantes.

Q: De votre point de vue, comment le fait d’être un ancien athlète peut-il aider les relations de l’AMA avec les athlètes en activité? R: En tant qu’athlète – et aussi en tant que ministre des Sports polonais – j’ai toujours eu à cœur les idéaux de l’esprit sportif. Je comprends l’importance d’écouter les points de vue des athlètes du monde entier et d’aborder les questions qui les intéressent le plus. Ils ont besoin de savoir que leurs voix sont entendues et je les consulterai toujours sur les questions qui les concernent. C’est pourquoi au cœur de notre nouveau plan stratégique quinquennal il y a le désir et l’engagement de veiller à ce que nos activités et nos priorités soient centrées sur les athlètes. L’Agence recherchera toutes les occasions de collaborer avec eux pour améliorer encore davantage le système antidopage mondial. Au cours des derniers mois, j’ai rencontré à distance de nombreux athlètes qui siègent à notre conseil de fondation, à notre comité exécutif, à notre comité des athlètes et à nos comités d’experts, ainsi qu’au sein d’autres groupes d’athlètes. Je continuerai cet engagement et bien plus tout au long de ma présidence. J’ai également ajouté un point à l’ordre du jour consacré aux questions des athlètes, en outre du rapport du président du Comité des athlètes, lors de chaque réunion du Comité exécutif et du Conseil de fondation. Cela nous permettra de mieux rendre compte à nos partenaires des initiatives prises à cet égard. Tout cela parce que je crois fermement que l’AMA existe pour les athlètes, que nous avons besoin d’athlètes à bord et que nous sommes responsables devant eux dans l’accomplissement de notre mission.

Q: Comment sont vos rapports avec votre vice-président, votre directeur général et l’équipe de direction?

R: Jusqu’ici, tout va bien. J’ai été impressionné par le personnel hautement professionnel, international et extrêmement engagé de l’AMA, dirigé par le directeur général, Olivier Niggli, ainsi que par les nombreux bénévoles tout aussi qualifiés actifs au sein de la structure de gouvernance de l’Agence.

Le vice-président de l’AMA, Yang Yang, a été un athlète de classe mondiale et double champion olympique de patinage de vitesse sur courte piste. Nous avons d’excellentes relations de travail. C’est très bénéfique que l’AMA soit dirigée par deux athlètes, car nous comprenons les besoins des athlètes et nous sommes toujours à leur service.

Q: Comment votre précédent rôle de ministre des Sports et du Tourisme au sein du gouvernement polonais vous a-t-il préparé à celui de l’AMA? R: Je n’ai jamais évité les défis. En tant que ministre, j’ai pris de nombreuses décisions difficiles et je n’ai jamais eu peur d’assumer la responsabilité. J’ai acquis une énorme expérience en termes de travail gouvernemental et de gestion. J’étais responsable d’un budget annuel d’environ 250 millions d’euros et d’une équipe de plus de 200 employés. La meilleure chose à propos d’un ancien athlète qui devient ministre c’est qu’il garde toujours l’esprit de l’athlète. En tant que ministre, j’ai étudié chaque réforme du point de vue de l’athlète. Je voulais résoudre le problème des jeunes athlètes qui mettent fin prématurément à leur carrière parce qu’ils n’ont pas de ressources financières et doivent choisir entre les études, le travail et le sport. J’ai donc créé le programme Team100, soutenu par des entreprises publiques. Il s’agit d’un programme unique de double carrière qui implique aujourd’hui environ 250 jeunes athlètes parmi les plus talentueux, y compris des athlètes handicapés. Ce fut une période de grands changements et de réformes dans le sport polonais, à de nombreux niveaux. En particulier, je suis particulièrement fier du Code de bonne gouvernance des associations sportives polonaises qui présente près de 200 lignes directrices à suivre par les organisations sportives si elles souhaitent obtenir un financement public. C’était un projet difficile mais indispensable. Je pense que la diplomatie et la stratégie nécessaires pour réussir en tant que ministre des Sports ont été une bonne préparation pour mon travail à l’AMA. Les plus grands changements que j’ai introduit dans le sport polonais concernaient le système antidopage, c’est donc un monde que je connaissais bien avant de rejoindre l’AMA en tant que président. En tant qu’ancien athlète, je sais que la défaite fait plus mal lorsque vous perdez à cause des tricheurs. Par conséquent, j’ai fait de mon mieux pour créer un environnement équitable et juste pour mes collègues, les athlètes. En tant que ministre, les athlètes et les entraîneurs ont toujours été ma priorité absolue. Et c’est exactement ma position en tant que président de l’AMA.

Q: Comment s’est déroulée la dernière réunion du comité exécutif et quelles décisions importantes y ont été prises?

R: La dernière réunion du comité exécutif – la troisième de l’année – a eu lieu les 14 et 15 septembre et je crois que c’était une réunion très productive. Elle a eu lieu à distance en raison de la COVID-19 et s’est ouverte par une minute de silence à la mémoire de l’ancien président de l’AMA John Fahey, décédé le 12 septembre en Australie à l’âge de 75 ans. John a servi avec grande capacité et intégrité l’organisation mondiale en tant que président de 2008 à 2013. Il manquera beaucoup à ses collègues et amis de l’AMA.

Le comité exécutif a reçu des mises à jour sur les progrès de l’AMA dans une série de domaines et plusieurs décisions clés ont été prises, y compris l’approbation de la Liste des substances et méthodes interdites  pour 2021. Un rapport complet de la réunion est disponible dans nos actualités du 15 septembre .

J’ai été très encouragé par le niveau d’engagement et de solidarité qui a été exprimé par les membres du comité exécutif au cours des deux jours de réunion. Les représentants des gouvernements et du mouvement sportif se sont unis pour souligner l’importance de continuer à renforcer l’AMA et de la soutenir dans l’accomplissement de sa mission au service des athlètes.

Les membres du comité exécutif ont clairement réitéré leur soutien au modèle actuel de partenariat égalitaire entre les gouvernements et le mouvement sportif qui s’est avéré efficace depuis la création de l’AMA il y a 21 ans. En outre, les membres se sont déclarés satisfaits de la nature et du calendrier des réformes de gouvernance en cours, ainsi que de la voie à suivre pour des réformes supplémentaires à entreprendre à l’avenir.

Alors que nous continuons de renforcer la gouvernance de l’AMA, le comité exécutif fait preuve d’une véritable leadership en veillant à ce que l’Agence soit bien équipée pour faire son travail de manière efficace en faveur d’un sport propre partout dans le monde.

La deuxième partie de l’interview sera publiée demain 9 octobre 2020.